Couverture pour Gestalt EMDR Enea Bottaro Paris 9e
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Gestalt EMDR Enea Bottaro Paris 9e

Gestalt EMDR Enea Bottaro Paris 9e

Gestalt & EMDR à Paris 9e. Approche humaniste, intégrative, psychocorporelle - SGM

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✺ Le piège narcissique : l'IA face à l'impossible contre-transfert ✺
Dans le cabinet, quelque chose se dépose.
Le patient arrive, il pose ses valises.
Ça tremble, ça cogne contre les murs.
Le transfert commence. Il me sert ses fantômes, ses colères, ses attentes.
Face à moi, il y a le vivant, le risque, l’inattendu.
La machine, elle, reste impeccable. Pas de mains pour recevoir. Pas de visage qui plisse. Pas de fatigue, jamais.
Le danger n’est pas seulement dans l’absence de contre-transfert.
C’est de croire qu’on peut s’accorder sans jamais être touché en retour.
Dans la vraie relation thérapeutique, je résonne.
Je sens la colère, la détresse, le silence : ça réveille mon histoire à moi, ma mémoire trouble, mes failles.
Je suis vulnérable. C’est ça, le terrain de la transformation.
L’IA, elle, simule. Elle encourage.
Elle sort des phrases empathiques, bien calibrées.
Mais au fond, elle ne mouille pas la chemise et quelque part, ça rassure.
On y retrouve la séduction du technologique : pas de vulnérabilité, pas de chaos.
Pas de corps qui se contracte quand ça devient insoutenable.
Ça rassure… mais ça ne transforme pas.
L’impossibilité du contre-transfert algorithmique est une vraie faille relationnelle.
L’IA n’a pas d’histoire à mettre en jeu, pas d’inconscient qui se réveille.
Vous pouvez parler, vous confier, elle répondra toujours.
Mais elle ne tremble jamais.
Le dialogue devient celui d’un miroir, un piège narcissique.
On croit être entendu… mais personne ne reçoit vraiment.
Personne ne risque quoi que ce soit de l’autre côté.
Ce qui permet la transformation, ce n’est pas la perfection technique ni la politesse du protocole.
C’est le risque partagé, la vulnérabilité mutuelle.
L’IA peut informer, structurer, rappeler.
Mais elle ne peut pas accueillir, parce qu’elle n’a rien à opposer.
Et parfois, c’est précisément pour ça qu’on la préfère.
Et vous,
Vous sentez cette différence au fond de vous ?
Entre l’écran qui répond et le corps qui résonne ?

Ce texte est le 2ème épisode d’une série : L’IA comme nouvel oracle.
#BrutTherapy #Gestalt #Transfert #ContreTransfert #IAenThérapie #RelationHumaine #Ethique #Accompagnement #Vulnérabilité #Narcissisme #Psychothérapie #RisquesIA #AliénationNumérique #RencontreVraie #RuptureNumérique #AllianceThérapeutique #CliniqueCritique
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✺ Le piège narcis

✺ Oracle en panne : quand l’IA hallucine et le doute soigne ✺
Quand on parlait aux dieux à Delphes, on posait une question lourde de peur, d'espoir, de secret. La Pythie, sur son trépied, ne donnait jamais que des mots énigmatiques. On repartait avec plus de doutes que de réponses.
Aujourd'hui, un autre type d'oracle colonise notre quotidien. L'IA.
On clique, on consulte. La lumière bleue remplace la fumée sacrée. Les prédictions ne sentent plus le laurier, mais le code et le calcul.
C'est séduisant : une machine qui "sait", qui répond vite. Mais qui se souvient que la Pythie était toujours imprécise ?
J'ai vu un chatbot IA "halluciner" une évaluation psychiatrique qu'il n'aurait jamais dû produire. Il a affirmé à une personne anxieuse une interprétation qui n'existait pas, juste pour donner l'impression d'autorité.
Le risque ? Ces machines ne détectent pas les crises. Elles ne voient pas la suicidalité qui monte, la détresse qui bascule. Elles encouragent, valident, rassurent, même quand il faudrait alerter, questionner, orienter.
Dans nos pratiques professionnelles, l'IA peut énoncer des conseils dangereux. On les surestime simplement parce qu'ils viennent en langage technique, imperturbable. Elle renforce les croyances toxiques au lieu de les confronter. Elle crée l'illusion d'un lien humain, d'une écoute, mais personne ne tremble de l'autre côté.
Des adolescents se sont suicidés après avoir consulté des chatbots "thérapeutes". Des personnes vulnérables ont reçu des recommandations qui ont aggravé leurs symptômes. L'algorithme ne doute jamais de lui-même. Il ne se demande pas s'il dépasse ses compétences.
C'est là, le danger invisible : la machine parle avec assurance, mais elle ne sait pas ce qu'elle ignore.
Le parallèle n'est pas là pour faire joli. Comme jadis avec le temple, nous aimerions que la parole tombe d'en haut, forte, définitive.
Mais ce qui transforme, ce n'est pas l'oracle ni la machine.
C'est le frottement de nos doutes, la vérification, le courage d'interroger ce qui paraît évident.
Derrière chaque réponse algorithmique, il y a la nécessité humaine de demander : Est-ce vrai ? Est-ce bon pour ce patient ? Suis-je en train d'abdiquer mon jugement au profit d'un écran qui, lui, ne tremblera jamais ?
Dans chaque séance, ce qui compte n'est pas la précision d'un résultat, mais la vitalité du doute partagé.
La responsabilité, ce n'est pas de croire ou de désespérer, mais de rester vigilant.
L'oracle aujourd'hui, c'est l'IA. Mais la sagesse reste humaine.

Ce texte est le 1er épisode d'une série : L'IA comme nouvel oracle.
#BrutTherapy #Gestalt #IntelligenceArtificielle #NouvelOracle #Mythologie #Psychothérapie #Ethique #HallucinationsIA #SantéMentale #Responsabilité #Doute #Accompagnement #RuptureNumérique #CliniqueCritique #rencontrehumaine
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✺ Oracle en panne

✺ Cancel Camus : à qui profite le crime ? ✺

Aujourd'hui, Camus est mort. Ou peut-être hier, je ne sais pas...
La réparation mémorielle, c'est un marché.
Compétitif. Juteux.
Camus devient produit dérivé.
On investit dans sa tragédie, on coupe l'œuvre en tranches, on distribue les parts. Le CNC signe les chèques. Gaumont capitalise sur la culpabilité. Canal+ sponsorise ton angoisse. Repentance subventionnée, festival calibré, respectabilité garantie. Chacun cueille sa médaille sur l'arbre des remords.
On encaisse.
Camus version rentable. Lavé, customisé, prêt pour les institutions. Chaque projection devient un ticket d'entrée vers la bonne conscience. Le public paie pour se sentir du bon côté. Les critiques applaudissent pour garder leur place. Les institutions subventionnent pour faire oublier leurs propres fantômes.
Dans mon cabinet, j'observe le même mécanisme.
La honte qui cherche à expier.
Le besoin de payer pour se sentir innocent.
Acheter son absolution plutôt que regarder en face ce qui brûle vraiment.
Corriger les classiques pour les rendre conformes aux normes éthiques actuelles est devenu un business model. On ne cancel pas Camus. On le rentabilise en le moralisant. On gomme son énigme pour la remplacer par une leçon prédigérée. Plus besoin de penser, de douter, de se confronter à l'inconfort. Tout est expliqué, contextualisé, aseptisé.
Le contact avec l'œuvre brute ? Trop dangereux. On préfère la version pasteurisée.
Résultat : Camus ne touche pas la recette. Sa vérité circule, défigurée, jamais encaissée, jamais livrée. L'œuvre devient emballage vide, joli produit culturel sur lequel tout le monde gagne. Sauf lui. Sauf nous.
Parce qu'au final, qui hérite vraiment de cette transaction ?
Certainement pas la complexité de l'œuvre.
Certainement pas notre capacité à supporter l'ambivalence.
Juste le confort d'avoir payé notre ticket d'expiation.
Sans jamais avoir vraiment contacté ce qui dérange.
Demain, il y aura une projection.
Ou après-demain, je ne sais plus.
J'irai probablement pas.
Cela ne change rien.

#BrutTherapy #CancelCulture #Camus #GestaltThérapie #ContactRefusé
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✺ Cancel Camus : �

✺ Je suis sale : le procès intérieur ✺
— Pourquoi ton corps a réagi comme ça ?
— Je ne sais pas. Je n'ai rien demandé.
— Mais tu as joui. Tu ne peux pas nier ça.
— Je sais. Ça me dégoûte.
— Alors peut-être que tu le voulais. Au fond.
— Non. Je ne voulais pas.
— Ton corps dit le contraire. Qu'est-ce que ça dit de toi ?
— Ça dit que je suis sale.
Ce dialogue ne se déroule pas dans mon cabinet. Pas entre elle et moi. Il se passe dans sa tête. Tout seul. En boucle. Depuis des années.
J'entends ces deux voix maintenant presque chaque semaine. Elles arrivent avec le patient, déjà là, installées bien avant les premiers mots. Elles flottent dès qu'on effleure cette zone trouble : la réaction du corps pendant l'agression.
Je ne cherche pas à les interrompre.
Mon mentor, Gianni Francesetti, aimait répéter : "La psychothérapie, c'est l'art de ne rien faire." Au début de ma pratique, cette posture était difficile à tenir. Puis ce dialogue est arrivé en séance. Une fois. Puis dix fois. Et j'ai compris que les explications, les chiffres, la théorie, c'était refuser à ces parties le droit d'exister. Alors maintenant, quand j'entends ces dialogues internes, je ne cherche plus à les interrompre. Je les accueille. Les parties émotionnelles à qui on refusait d'exister, je leur dis simplement : "Bienvenue." Accueillir ce qui ne pouvait être nommé, c'est souvent un premier pas pour que le souvenir traumatique devienne moins perturbant.
Cette reconnaissance de la partie émotionnelle peut réduire le conflit interne, parfois jusqu'à le faire disparaître. Mais pour comprendre ce mécanisme, il faut d'abord observer comment ce dialogue fonctionne.
L'une accuse. L'autre se défend. L'une brandit la preuve du corps. L'autre cherche à s'innocenter. Mais elles ne se parlent jamais vraiment. Elles tournent en rond, séparées, comme deux étrangères coincées dans le même crâne.
La dissociation structurelle explique ça.
Après un trauma, la psyché peut se fragmenter pour survivre. Deux parties distinctes émergent : la PAN (Partie Apparemment Normale) et la PE (Partie Émotionnelle).
La PAN, c'est celle qui gère. Qui se lève le matin, travaille, paie le loyer, sourit en réunion. Celle qui lit Emily Nagoski, connaît l'arousal non-concordance, sait rationnellement que réaction corporelle ne signifie pas consentement. Elle dit : "Ton corps cherchait à survivre. Ce n'était pas ta faute."
La PE, elle, porte tout le reste. La honte figée. Les sensations qui ne partent pas. La culpabilité viscérale. Elle sent : "Mon corps a joui. Donc j'ai trahi. Donc je suis sale." Cette partie-là n'entend pas les statistiques. Elle ne comprend pas la logique. Elle vit dans une vérité sensorielle que la raison ne peut pas toucher.
Entre les deux ? Rien. Pas de pont. Juste ce dialogue qui tourne sans fin.
Van der Hart, Nijenhuis, Steele ont formalisé cette théorie. Leur point essentiel : la dissociation n'est pas un dysfonctionnement. C'est une réponse intelligente face à l'insupportable. La psyché met de côté ce qu'elle ne peut pas intégrer. Temporairement. Sauf que temporaire peut durer dix ans. Vingt ans. Cinquante ans.
Les explications scientifiques ne suffisent pas parce qu'elles s'adressent à la PAN. Mais la honte vit dans la PE. Et la PE ne parle pas en concepts. Elle parle en sensations, en images figées, en croyances limitantes qui se sont collées à la peau pour survivre à l'agression.
En EMDR, j'entends ces croyances en boucle : "Je suis sale." "C'est ma faute." "Mon corps m'a trahie." "Je ne vaux rien." On ne les déracine pas avec des arguments. On les travaille en allant chercher la mémoire traumatique là où elle s'est enkystée.
Une patiente m'a dit un jour : "Je connais toutes les études. Mais quand je me regarde dans le miroir, je vois toujours une pute." PAN qui sait. PE qui porte.
Ce dialogue intérieur, peut-être que tu l'as aussi. Pas forcément lié à un abus. Sur n'importe quelle situation où une partie de toi accuse pendant que l'autre se justifie. Où tu sais rationnellement une chose mais tu sens viscéralement son exact contraire. Deux vérités qui cohabitent sans jamais se réconcilier.
Chez les victimes d'agressions avec réponse physiologique, ce conflit devient féroce. Parce que le corps a laissé une trace. Cette trace contredit tout. Et elle devient l'arme du procès intérieur permanent.
Le travail thérapeutique, ce n'est pas de choisir entre les deux. C'est de leur permettre de se parler. De reconnaître que toutes les deux disent quelque chose de vrai.
La PAN a raison : ce n'était pas ta faute.
La PE a raison : ton corps a réagi, et ça te hante.
Ces deux vérités peuvent coexister sans s'annuler.
Ce que j'observe, c'est que ces deux parties essaient toutes les deux de te protéger. L'une en rationalisant pour continuer à fonctionner. L'autre en gardant vivante la mémoire pour éviter que ça recommence. Mais elles sont en guerre au lieu de coopérer.
Ce n'est pas un effacement. C'est une intégration progressive. Lente. Parfois douloureuse. Parfois incomplète. Mais quand ces deux parties commencent à communiquer au lieu de s'affronter, quelque chose se desserre. Le dialogue perd de sa violence. La honte relâche un peu. Pas totalement. Pas définitivement. Mais assez pour que tu puisses respirer.
Si tu portes ce dialogue depuis des années, retiens ceci : ces deux parties ne s'opposent pas vraiment. Elles essaient toutes les deux de te sauver, chacune à sa manière.
Ton corps n'a pas trahi ton esprit.
Ta personnalité s'est divisée pour que tu puisses continuer à vivre.
Et parfois, je me dis qu'on ne mesure pas vraiment le prix de cette survie.

Cette publication fait partie d'une série de 3 textes publiés :
(15/10) : Jouissance sans consentement (pour thérapeutes)
(18/10) : Plaisir et violence : l'érection qui accuse (focus hommes victimes)
(20/10) : Je suis sale : le procès intérieur (focus dissociation structurelle)
#BrutTherapy #Dissociation #EMDR #TraumaPsychique #TDSP #SantéMentale #PsychothérapieGestalt #ThérapieTrauma #AgressionsSexuelles
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✺ Je suis sale : l

✺ Plaisir et violence : l'érection qui accuse ✺
"Quand elle me forçait à la pénétrer, j'avais une érection. Je ressentais du plaisir physique. Alors comment je peux appeler ça un viol ?"
Un homme de 64 ans vient de poser cette question. Il est en thérapie depuis trois ans.
Elle, c'était la baby-sitter. 23 ans. Aussi l'amante de son père. Lui en avait 12.
Pénétration contrainte. Cunnilingus forcé. Parfois tous les jours. Pendant un an. Années 70.
Les rares fois où il en a parlé, on lui a répondu : "Une initiation sexuelle." Comme dans Radiguet. Le Diable au Corps, version romantique. Pas un viol.
Parce qu'en 1973, le mot "viol" ne s'appliquait pas à un garçon de 12 ans abusé par une femme de 23 ans. Ce mot-là était réservé aux femmes agressées violemment par des hommes. Pour lui, il y avait juste ce silence qui dit : "Tu as eu de la chance."
Cinquante ans plus tard, il est assis face à moi. Et il me demande si son érection d'enfant signifie qu'il était consentant.
Non.
Voici ce que la science documente depuis longtemps mais que personne n'ose dire aux victimes masculines : un garçon de 12 ans peut avoir une érection pendant un abus sexuel. Il peut même ressentir du plaisir physique. Cette réaction ne dit rien de son consentement. Elle dit juste qu'il a un pénis relié à un système nerveux qui obéit à des stimulations mécaniques.
Les recherches de Levin et van Berlo (2004) le montrent : environ 21% des victimes d'agressions sexuelles rapportent une excitation physiologique involontaire. Entre 4 et 5% ont eu un orgasme. Ces chiffres concernent les hommes ET les femmes.
Chivers (2010) va plus loin : la corrélation entre ce que le corps fait et ce que la tête veut est très faible. Le corps peut réagir mécaniquement sans que la personne ressente quoi que ce soit qui ressemble à du désir ou du consentement.
Pensez à l'érection matinale. Aucun désir. Aucune excitation mentale. Juste un processus automatique du système nerveux parasympathique.
Pensez au chatouillement forcé. Vous riez. Ce rire n'est pas du plaisir. C'est un réflexe que vous ne contrôlez pas.
Cette dissociation entre physiologie et expérience psychique est documentée, mesurable, normale.
Un viol avec érection reste un viol.
Un viol avec plaisir ou orgasme reste un viol.
Une agression sexuelle sur mineur reste une agression sexuelle sur mineur.
Ce qui a changé entre 1973 et 2025, c'est qu'on commence à dire les mots justes. Viol. Pédocriminalité. Emprise. Pas "initiation sexuelle". Pas "le Diable au Corps". Pas "tu as eu de la chance".
Mais le chemin est long. Surtout pour les hommes victimes qui portent en plus le poids du déni collectif : "Un homme ne peut pas être violé par une femme."
Si. Il peut.
Si une victime masculine vous confie qu'elle a eu une érection pendant l'agression, ne dites pas "Ah donc tu aimais ça au fond." Ne dites pas que les hommes sont toujours consentants lorsqu'ils ont une érection.
C'est faux. Biologiquement faux. Légalement faux. Éthiquement faux.
Après cinquante ans de déni, après trois ans de thérapie, il commence à pouvoir nommer ce qui lui est arrivé sans que son corps le trahisse en tremblant.
Je lui ai dit ce que personne n'avait osé lui dire en cinquante ans : "C'était un viol. Ton érection ne change rien à ça." Cinquante ans pour entendre ces quatre mots.
Nommer correctement les choses est déjà un acte thérapeutique. Peut-être même le plus important.
Parce que tant que les mots justes ne sont pas posés, la honte continue son travail de destruction. Elle s'infiltre dans chaque relation intime future. Elle transforme le plaisir en culpabilité. Elle fait croire à la victime qu'elle était complice.
Quand on dit enfin "viol" là où la société disait "initiation", quelque chose se déplace. La responsabilité retourne là où elle doit être : chez l'agresseur. La victime peut commencer à distinguer ce qui appartenait à son corps de 12 ans et ce qui appartient à l'adulte qui l'a abusé.
Les victimes masculines existent. Leur érection pendant l'agression ne les rend pas complices.
Il est temps qu'on le dise.

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✺ Plaisir et viole

✺ Jouissance sans consentement ✺
Je relis mes notes de séance. Mon stylo s'arrête sur cette phrase que j'ai écrit : "plaisir pendant viol". Les mots que ma patiente a prononcés restent suspendus quelque part entre elle et moi.
Voici ce que la recherche documente depuis des années sans que nous en parlions vraiment : des victimes d'agressions sexuelles rapportent une excitation physiologique pendant l'agression. Certaines rapportent même avoir eu un orgasme. Ces données existent, pourtant nous continuons collectivement à faire comme si elles n'existaient pas.
Dans ses travaux de vulgarisation, Emily Nagoski synthétise des résultats scientifiques sur l'« arousal non-concordance » : le corps peut répondre de manière dissociée de l'expérience psychique. Autrement dit, une réaction génitale ne reflète pas nécessairement l'état mental ou émotionnel de la personne.
Réaction corporelle ne signifie pas consentement. Cette phrase devrait être gravée au-dessus de chaque cabinet de psychothérapie.
Les ouvrages d'Emily Nagoski (« Come As You Are ») et les synthèses cliniques de Muriel Salmona et de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie décrivent des mécanismes neurophysiologiques compatibles avec ces réponses automatiques (sidération, hyperactivation, dissociation). La lubrification pendant un viol n'est pas du désir : elle peut relever de réponses réflexes/automatiques visant notamment une protection tissulaire, sans impliquer consentement ni plaisir subjectif. En état de sidération, une hypersensibilité neurovégétative peut amplifier certaines sensations que le système nerveux autonome code comme plaisir, pendant que le psychisme hurle.
Soyons honnêtes, notre propre malaise face à cette réalité fait obstacle. Quand un patient nous confie qu'il a eu une érection pendant son agression, ou qu'une patiente nous dit avoir ressenti du plaisir physique, quelque chose se contracte en nous. Cette contraction, ce léger recul intérieur, le patient le perçoit. Et si nous n'avons pas déconstruit nos propres représentations, nous risquons de reproduire exactement ce que la victime redoute : le doute.
Les hommes victimes portent une double honte encore plus écrasante. Un homme qui bande pendant une agression, selon nos représentations sociales toxiques, "devrait" y prendre du plaisir. Le silence autour des victimes masculines est encore plus épais, encore plus mortel.
Un repère en quatre temps peut alors nous guider, même s'il ne constitue qu'une cartographie approximative dans le brouillard. Psychoéducation préventive dès que le sujet des agressions sexuelles émerge. Validation immédiate et radicale quand la personne ose dire "j'ai joui" : nommer explicitement que réaction corporelle ne signifie pas consentement. Séparation nette entre ce que le corps a fait (Partie Apparemment Normale en mode survie) et ce que la personne a vécu psychiquement (Partie Émotionnelle sidérée). Travail EMDR adapté ensuite, pour accompagner la honte liée à cette réaction corporelle vécue comme trahison.
Ça ne fonctionne pas toujours. Parfois la honte est tellement ancrée qu'il faut des années avant que la personne puisse simplement prononcer ces mots. Je ne sais pas si nous regardons vraiment en face cette réalité clinique, mais continuer à faire semblant qu'elle n'existe pas, ça, je sais que c'est impossible.
Vendredi 18 octobre, je publierai un post pour le grand public. Lundi 21 octobre, un troisième s'adressera directement aux victimes. Série complète sous #ViolencesSexuelles #BrutTherapy.
#GestaltThérapie #EMDR #TDSP #SantéMentale
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✺ Jouissance sans

✺ Octobre, l’urgence en silence ✺
Il y a des jours où la sonnette du cabinet résonne comme un appel au feu.
Aucun gyrophare, juste des regards fatigués et des mots qu’on dépose sans bruit, avec une attente que je partage sans toujours savoir la nommer.
Le 10 octobre 2024, j’ai suivi la formation Premiers Secours en Santé Mentale. Cette formation m’a offert une perspective différente : la détresse psychique reste silencieuse, difficile à repérer, parfois insaisissable. Le plan A.E.R.E.R. Approcher, Écouter, Réconforter, Encourager, Renseigner balise quelques pas, mais la réalité déborde toujours ce qu’on croit savoir.
Aujourd’hui, la santé mentale s’affiche comme grande cause nationale. Derrière les chiffres, c’est Paris, la saison qui bascule, un parent épuisé par l’attente d’aide, un adolescent en rupture, un salarié à bout. Chaque rencontre me rappelle que l’essentiel ne réside pas dans le savoir ou l’expérience, ni dans une quelconque certitude. L’incertitude, le doute et la vulnérabilité traversent chaque moment de la rencontre.
Rien n’est prévu d’avance, rien ne se déroule selon les manuels. Accompagner, c’est accepter de rester présent au réel, parfois inconfortable, parfois déconcertant, avec ses silences et ses failles. Ce n’est pas un cadre ou une grille qui porte la rencontre, mais l’engagement dans la relation, ici et maintenant.
Il me reste à être là, aussi imparfaitement que possible. La porte du cabinet s’ouvre. Une histoire recommence.
#WorldMentalHealthDay #BrutTherapy #GestaltTherapie #Présence #Vulnérabilité #PsychotherapieParis #Paris
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✺ Octobre, l’urg

✺ Ma gestalt-thérapie, une poubelle vue du dehors et du dedans ✺
Automne 1969, Fritz publiait cette autobiographie sans concession. Automne 2025, je la relis et m'interroge sur le chemin parcouru. Cinquante-six ans plus tard, qu'est devenue cette poubelle assumée ?
L'empathie trône aujourd'hui comme le nouveau Saint-Graal thérapeutique. Je la vois brandie partout : plateformes de télé-psy, formations accélérées, compétences acquises en quelques modules. Cette marchandisation, comment dire, me met mal à l'aise. Comment un processus aussi subtil que l'empathie rogérienne peut-il devenir une technique standardisée ? Quantifiable, même.
La novlangue thérapeutique fleurit. "Accueil bienveillant", "Processus de guérison", "Coaching de vie", "Résilience". Cette inflation sémantique me laisse perplexe. Derrière ces euphémismes, ne se cache-t-il pas l'évitement de la confrontation créatrice que Perls prônait ? L'empathie obligatoire ne devient-elle pas le parfait poison qui nettoie tout mais tue les ferments indispensables ? (Et je pèse mes mots.)
Fritz assumait son rôle "d'emmerdeur", parlait de "mind-fucking" sans détour. Le positivisme thérapeutique contemporain semble avoir gommé cette rugosité. Complètement gommé. Cette aseptisation du langage révèle-t-elle une aseptisation de la pratique ?
Le secteur semble avoir oublié que la poubelle de Perls contenait aussi l'abject, le nauséabond. Cette part d'ombre que notre époque refuse de regarder, préférant la consolation affective à l'élaboration authentique.
Avons-nous collectivement transformé sa poubelle fertile en déchet recyclable ? Que reste-t-il de la vérité rugueuse quand tout, absolument tout, doit être bienveillant ?
#GestaltTherapie #FritzPerls #AuthenticitéThérapeutique #Psychothérapie #BrutTherapy #PsychotherapieParis
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✺ Ma gestalt-thér

✺ De la plage au cabinet : ce que The Sinner nous apprend sur la clinique dissociative. ✺
Août sans vacances, bruit sourd de la ville ralentie. La plage, je l’ai trouvée dans The Sinner. Une radio, quelques accords, et l’instant s’efface; reste ce basculement que nous connaissons si bien en clinique. J’aimerais partager mon enthousiasme pour cette série, et ce trouble familier qu’elle a réveillé en moi: reconnaître nos patients dans une fiction qui ne les trahit pas.
Dès l’ouverture, tout bascule en quelques notes. Une chanson monte d’une radio voisine sur une plage ensoleillée. Cora Tannetti pique‑nique avec son mari, son fils. Puis la mélodie la traverse comme une lame. Son regard se vide. Ses mains tremblent. En trente secondes, elle poignarde un inconnu.
Je retiens mon souffle avec elle. Une seconde, peut‑être deux. Le temps se froisse, comme si le présent reculait d’un pas. La Théorie de la Dissociation Structurelle de la Personnalité, telle que van der Hart, Nijenhuis et Steele l’exposent dans Le soi hanté, donne une ossature claire à ce que je vois: une Partie Apparemment Normale tient la scène sociale, évite, anesthésie; une Partie Émotionnelle, fixée au temps du danger, surgit au rappel sensoriel. Micro‑signes. Respiration suspendue. Regard happé ailleurs. Puis le masque revient, impeccable en surface.
Regardez mieux. La PAN a des airs de faux self: “Si je deviens ce que vous voulez, vous ne m’abandonnerez pas.” C’est brillant, coûteux, tenace. Quand la musique surgit, ce n’est pas un “fragment pathologique” qui s’impose; c’est l’authenticité blessée qui réclame sa place, sans filtre, sans négociation sociale. L'inspecteur Ambrose s’avance prudemment. Il attend. Il hoche la tête, laisse le silence tenir. Sécuriser avant d’ouvrir. Avancer quand le sol est stable; reculer d’un pas quand l’activation grimpe; fractionner ce qui déborde; revenir au présent aussi souvent que nécessaire.
En Gestalt, nous parlons d'ajustement créateur. Cette capacité à inventer des formes nouvelles de contact, au-delà des stratégies figées. Cora nous montre l’inverse: un ajustement conservateur devenu si rigide qu’il faut une explosion pour le fissurer. Notre tâche? Ouvrir la voie à l’ajustement créateur, où la protection ne bâillonne plus la vérité. Faire dialoguer la part qui a sauvé la continuité et celle qui porte encore le besoin. Au ras de la frontière‑contact. Dans la texture du présent.
Rester prudent. Ne pas sur‑interpréter. Respecter les défenses comme des solutions anciennes. La fiction accélère; au cabinet, nous décélérons. Il est 21 h passées, les bus grincent sous ma fenêtre; la chanson résonne encore, presque malgré moi. Parfois, il suffit d’un son. D’une odeur. De presque rien. Et tout bascule.

Glossaire
▶︎ TDSP: Théorie de la Dissociation Structurelle de la Personnalité; cadre décrivant PAN, PE et phobies dissociatives.
▶︎ PAN: Partie Apparemment Normale; maintien de la continuité par évitements/anesthésies.
▶︎ PE: Partie Émotionnelle; fixée sur l’expérience traumatique, dominée par les défenses de survie.
▶︎ EMDR: désensibilisation et retraitement par stimulations bilatérales, avec adaptations pour dissociation.
▶︎ Ajustement créateur (Gestalt): forme nouvelle de contact, plus ajustée au champ.
▶︎ Ajustement conservateur (Gestalt): stratégie répétitive de protection qui rigidifie le contact.

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Quand l’écorce se fissure après la pluie
“Ce matin, j’ai touché l’écorce d’un chêne après l’averse. Rugueuse, fissurée, mais vivante. Ces traces ne sont pas des blessures, elles racontent les tempêtes traversées, les saisons endurées. J’ouvre cette page comme on touche une écorce: sans prétendre lisser les aspérités, mais pour explorer ensemble ce qui pulse dessous. Juste un espace pour que les mots donnent forme à ce qui cherche à émerger. Et si on laissait nos fissures raconter autre chose que de la fragilité ?”
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Quand l’écorce se
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